dans leurs bagages ou sacs à dos contaminés à leur insu.
Il est un hôte… avec qui
l’on ne souhaîte pas partager le chemin !
Un des rares parasites de l’homme :
“ Cimex lectularius, la Punaise de lit ”
les punaises de lit font un retour en force. Du logement insalubre à l’hôtel le plus luxueux,
elles colonisent sans complexe, utilisant comme moyen de transport les effets du voyageur.
Une fois l’hôte repéré, elles s’installent à ses côtés, certaines de trouver gîte et couvert.
S’en débarrasser devient alors une longue bataille qui nécessite une connaissance
de l’envahisseur et la mise en place conjointe de différentes techniques de lutte.
Vous trouverez dans les pages qui suivent l’information pour mieux
la connaître et s’en prémunir.
Qui est elle ? – vignette A
C’est un insecte de la famille des Cimicidae autrement dit une punaise suceuse de sang (hématophage). Au corps ovale, roux et aplati, sa taille varie de 5 mm à jeun à 8 mm après un bon repas. Sa nourriture, le sang humain est aspiré à l’aide d’un rostre : un appareil buccal piqueur suceur comme celui du moustique. Un repas dure de 10 à 20 min. Elle a une durée de vie de 6 à 24 mois à l’état adulte. De mœurs nocturnes elle se déplace et se nourrit la nuit. Et passe ses journées à l’abri de la lumière dans des caches à proximité de son hôte.
D’où vient-elle ?
Elle est la compagne de l’homme depuis des milliers d’années comme l’atteste sa présence dans certaines tombes égyptiennes datant de 3550 ans. Parfaitement connu de nos grands-parents avant la seconde guerre mondiale, cet insecte a disparu de l’Europe occidentale vers les années 1950 suite à la brusque amélioration de l’hygiène et la découverte du DDT.
De nos jours, les produits chimiques à forte rémanence (durée de vie quasi illimitée) sont interdits et les punaises étant devenues résistantes à certaines molécules, une recrudescence mondiale est observée dans de nombreux pays (Amérique du Nord, Europe, Australie, Nouvelle Zélande,…) depuis 1990. Son expansion est probablement due à l’augmentation du tourisme et du brassage des populations.
Le voyageur ramenant fortuitement cet hôte indésirable dans ses bagages.
Comment se reproduit-elle ? – vignette C
Une température supérieure à 13°C et un bon repas sont les déclencheurs de l’accouplement. Les œufs sont émis 3 à 10 jours plus tard. Blanchâtres et mesurant de 1 à 3 mm, ils sont pondus en amas à l’abri de la lumière souvent derrière les plinthes. Une femelle pond de 200 à 500 œufs dans sa vie.
Cycle de développement de la punaise de lit – Natural History Museum Londres
Les jeunes ou larves sortent des œufs
1 à 3 semaines plus tard.
De couleur claire transparente, ils sont
peu visibles. Ils passent par 5 stades
d’une durée de 3 à 15 jours chacun
pour devenir adulte.
Un repas de sang est nécessaire pour
passer d’un stade au suivant.
“Une sexualité pas très sexy ”
Lors de chaque accouplement, le sperme est déposé par « insémination traumatique ».
Le mâle transperce la cuticule de la femelle à l’aide de son appareil génital transformé
en aiguillon. La zone de perforation est prédestinée et guide l’appareil mâle.
Une fois le sperme injecté, il est drainé jusqu’à une spermathèque
(réservoir à spermatozoïdes). Les mâles ont également des comportements homosexuels.
Dans ce cas, le sperme du premier se mêle à celui du second et lors d’une prochaine
insémination deux souches de spermatozoïdes seront transmises à la femelle.
Conditions Vitales
- – Températures comprises entre
13°C et 30°C - – En-dessous de 13°C la punaise
adulte ne se reproduit pas et peut
survivre sans nourriture pendant
plusieurs mois voire jusqu’à 1 an
et demi. Et se met en hibernation.
Conditions létales
- – Températures inférieures -18°C
pendant plusieurs jours - – Températures supérieures à 55°C
favorables à l’infestation
- – Le chauffage en continu des locaux
- – Le possible réchauffement climatique
- – Le brassage des populations
- – La promiscuité
- – Le manque d’hygiène
Avec des facteurs très favorables dans les auberges de jeunesse, les gîtes d’étapes où les sacs de couchages et les sacs à dos sont transportés d’un hébergement à l’autre.
A : Cimex lectularius. Photo by CDC, B : Traces de déjections,
C : Cycle de développement de la punaise de lit – Natural History Museum Londres, D : Les piqûres
Comment colonise-t-elle ? – vignette B, D
L’expansion mondiale est due à deux types de déplacements de l’insecte.
Le premier dit « actif » : lorsque l’insecte se déplace localement en marchant de son lieu de vie vers
son lieu de repas. Chaleur du corps et dégagement de CO2 aux heures sombres étant les deux principaux
attractifs. Pour de faible infestation la distance parcourue sera de quelques mètres (de dessous le matelas vers le dessus du matelas). Pour de fortes infestations, les murs et les conduits d’aération peuvent être
envahis mais cela prend plusieurs semaines.
Une fois gorgée de sang, la punaise retourne dans son lieu de repos identique ou nouveau.
Cette nouvelle cachette peut être l’ourlet du pyjama, le sac à dos, les coutures du sac de couchage, …
Ce comportement engendre le second mode de dispersion : « le transport passif ». C’est l’hôte qui va transporter la punaise dans un nouveau lieu de vie situé à quelques dizaines voir milliers de kilomètres.
“Comment détecter sa présence ”
LA PIQûre
très souvent en zone découverte, elle se manifeste
par une petite tuméfaction centrée par un point rouge entouré d’une zone rougeâtre inflammatoire. Elle est souvent indolore et prurigineuse.
Elle crée une réaction allergique variable
selon les personnes, parfois décalée dans le temps.
Si le parasite est potentiellement vecteur de maladie, cela n’a pas été mis en évidence.
Les traces de sang ou de déjections
il faut rechercher les indices de leur présence :
- Les traces de sang sur les draps, les traversins,
laissées par les punaises écrasées par le dormeur. - Les déjections (photo ci-contre) minuscules
points noirs dans les plis et coutures
du matelas, sur les bagages, sur les murs,…
Comment lutter contre l’infestation ?
- La recherche active de l’insecte : recherche minutieuse et systématique de tous les sites de repos possibles (sommiers, matelas, rideaux, plinthes, mobilier, tableau, canapé,…) équipé d’une lampe de poche et d’une loupe
- La lutte mécanique : (sans utilisation d’insecticides)
- – Aspiration avec l’embout fin de l’aspirateur des œufs, des jeunes et adultes mis en évidence. Brûler le sac d’aspirateur ou l’enfermer dans un sac plastique hermétique et le jeter aux ordures à l’extérieur. Décontamination de l’aspirateur avec une poudre insecticide (type lutte contre les fourmis)
- – Congélation à -20°C minimum 48h
- – Lavage en machine au-dessus de 55°C
- – Nettoyage à la vapeur à 120°C
- La lutte chimique : pour une très faible infestation un insecticide pour insectes rampants à base de pyrèthre sera placé en des points stratégiques (cadres et pieds de lit, plinthes,…). Pour la majorité des cas l’intervention d’un spécialiste est recommandée
Ne jamais être infesté par des punaises de lits est dorénavant « mission impossible » pour un hébergeur. Le pèlerin et l’hébergeur doivent le savoir. C’est de leur lutte collective et partagée que la colonisation des punaises de lits sur le chemin de Compostelle pourra être maitrisée.
Avant le chemin
- Informez-vous sur les lieux que vous allez fréquenter et consultez les recommandations spécifiques des hébergeurs.
- Emportez des sacs plastiques pour protéger votre sac, vos effets et des huiles essentielles
sur le chemin
- Respectez les consignes mis en place par les hébergeurs : ne pas rentrer son sac à dos dans la chambre
- Inspectez votre chambre et prévenez l’hébergeur en cas de découverte d’infestation ou de piqûres
- Enfermez vos effets dans des sacs plastiques à l’intérieur de votre sac à dos
- Enfermez votre sac à dos dans un sac plastique
- Lavez et séchez le plus souvent possible votre sac de couchage
- Vaporisez votre sac à dos d’huiles essentielles
de retour chez soi.
-
Ne pas introduire ses effets de voyage dans son logement,
les enfermer dans de grands sacs plastiques hermétiquement. - Passer ses effets au congélateur au moins 48h si la taille du congélateur le permet.
- Laver à + 60°C tout ce qui est possible ou au nettoyeur à vapeur à 120°C
- Passer un insecticide à base de pyrèthre sur les effets ne pouvant être lavés ou congelés
Edition et diffusion : Les haltes vers Compostelle.
Rédaction : Gonzales laupin-villemus Sandrine – Biologiste entomologiste (janvier 2013)
Sources : Delaunay P. (2010). Les punaises de lit, Cimex lectularius et Cimex hemipterus, Biologie,
Lutte et Santé Publique. Extrait de « Riviera Scientifiques année 2010.
Dr. Saint Macary B. (2011). Quand les punaises de lit veulent pérégriner.
Avec l’aimable concertation de Pluot-Sgiwalt D.attachée honoraire UMR 7205/CNRS
Museum national d’histoires Naturelles de Paris Pour en savoir plus : https://solidarites-sante.gouv.fr/.